L’Oracle della Luna – Frédéric Lenoir

Auteur : Frédéric Lenoir
Date de publication : 4 Octobre 2006
Date de relecture : 2015
Genre/Thème : Philosophie, Religion, Astrologie, Quête initiatique
Nombre de pages : 728

Qui est Luna, la belle sorcière aux cheveux de feu ? Quelle malédiction frappe le blessé retrouvé dans sa cabane des Abruzzes ? Qui sont les hommes masqués de noir acharnés à sa perte ? Quelles paroles terribles dissimule ce mystérieux parchemin qui ne doit surtout pas arriver jusqu’aux mains du pape ?
Au cœur d’un XVIe siècle hanté par les querelles religieuses et philosophiques, le nouveau thriller historique de Frédéric Lenoir nous entraîne des palais aux prisons de Venise, du Mont Athos au bagne des corsaires d’Alger, de Jérusalem au ghetto de Chypre. Un grand roman d’amour et d’aventures où passion, mort, mystique chrétienne et soufie, astrologie et kabbale rythment la quête initiatique de Giovanni, le jeune paysan qui avait osé lever les yeux sur la fille des Doges.

L’Oracle della Luna… un livre hautement philosophique qui nous apprend combien il est important de TOUJOURS avoir un bol avec soi quand on décide de méditer dans une grotte (pour faire caca).


Parvenir à allier christianisme, islamisme et judaïsme dans un roman est un exploit. En faire une perle de sagesse tout en conservant l’intérêt scénaristique c’est encore mieux !
Depuis 2007, j’ai relu le livre deux fois. C’est un peu comme avec Paulo Coelho, on découvre un sens caché dans les lignes quand on le relit des années plus tard. Car nous changeons, notre regard jauge notre monde avec une nouvelle expérience. Ce qui apparaissait comme une certitude tantôt devient poussière pour découvrir une nouvelle vérité.
Frédéric Lenoir a tout mon respect et mon admiration. En plus de posséder une plume très agréable, son savoir est prodigieux. C’est un philosophe qui passe de temps en temps dans C dans l’air sur Arte. Certains penseurs remettront certainement ses idées en question, ou plutôt le dénigreront ; j’ai vu un soir de Noël un débat sur le Christ où ses interlocuteurs le prenaient de haut comme s’ils avaient la science infuse. Pour ma part je crois que l’humilité est une vertu et qu’il la possède à grand renfort de talent.
Revenons à cette pépite que j’ai lue la toute première fois un matin de 2007 en prenant mon thé. C’étaient de douces matinées d’automne, je potassais L’Oracle della Luna avec beaucoup d’intérêt. Et pas que le matin. Petit 1 : Je suis une fan inconditionnelle de Frère Cadfael, retrouver une enquête dans un monastère m’a donc prise aux tripes. (D’ailleurs je lis Dissolution de C.J. Sansom en ce moment) Petit 2 : Je suis avide de connaissances, peu importe le domaine.
Alors oui, la religion n’est pas ma tasse de thé. Je ne suis pas athée, j’ai mes propres convictions et ce que certains appellent Dieu est pour moi autre chose ; de tout aussi grand, mais certainement pas personnifiable et à l’origine de guerres incessantes. Tuer au nom de Dieu est une aberration à mon sens.
Giovanni est le héros de ce roman, sensible, fleur bleue, rêveur… Mais pas ennuyeux, au contraire. Sa vie de paysan bascule du tout au tout et il va voyager et arpenter les trois grandes religions de ce monde avec un œil critique. Pas dans le mauvais sens du terme je précise. Son histoire d’amour avec Elena est certes importante, mais on se demande surtout ce que contient la fameuse lettre de Maître Lucius. Et je ne le révélerai pas, non c’est à vous de lire !
En tout cas ce roman m’a appris beaucoup de choses et je remercie ce grand homme de m’avoir fait voyager et réfléchir !
Extraits
« Toutes nos fautes, tous nos péchés, proviennent de trois grands maux : l’orgueil, l’ignorance et la peur. On a dû te parler dans tes études théologiques de l’orgueil. Mais on oublie trop souvent les deux autres maux. L’ignorance, si bien dénoncée par le grand Socrate est le mal de l’intelligence. La peur est le mal qui afflige notre cœur. Comme la connaissance est le seul moyen de vaincre l’ignorance, le seul antidote à la peur… c’est l’amour. Car le cœur de l’homme n’aspire qu’à aimer et être aimé. Toutes les blessures de l’amour, qui commence dès notre enfance, engendrent des peurs qui finissent par paralyser notre cœur et nous faire commettre toutes sortes d’actions mauvaises, parfois même des crimes. »
« L’être humain a peur de la vie et il est surtout en quête de la sécurité de l’existence. Il cherche, tout compte fait, davantage à survivre qu’à vivre. Or survivre, c’est exister sans vivre… et c’est déjà mourir.
Le sage regarda ses interlocuteurs avec un grand sourire. Puis il poursuivit :
– Passer de la survie à la vie, c’est une des choses les plus difficiles qui soient ! »