Life is Strange

Date de sortie : 30 Janvier 2015

Date du test : Mai 2019

Langue : Français

Plateforme : Xbox One

Genre : Aventure narrative

   Retracez l’histoire de Max Caulfield, une étudiante en photographie, qui découvre, en sauvant la vie de sa meilleure amie, Chloe Price, qu’elle peut remonter dans le temps. Les deux jeunes filles se retrouvent très vite à enquêter sur la mystérieuse disparition d’une autre étudiante, Rachel Amber, révélant le côté sordide d’Arcadia Bay. Pendant ce temps, Max va devoir apprendre que modifier le passé peut avoir des conséquences désastreuses sur l’avenir.

5/10

   Introduction :

Dire que Misha m’a tanné avec « Life is Strange » tient véritablement de l’euphémisme ; tant elle voulait vraiment le faire. Et je n’y étais pas vraiment opposé… mais guère non plus vraiment attiré.

Au final, et grâce au « Gamepass » de Crosoft, on s’y est mis sur Bobox One. Et… j’ai été agréablement surpris ! Les petits Parigots de Dontnod ont vraiment mis leurs tripes dedans, et ça se ressent !

Pourtant… pourtant j’ai bien du mal à lui mettre plus que la moyenne. Pourquoi ? Voyons cela en détail, voulez-vous ?

   Graphismes :

   2015. Je sais que je replace souvent ce point dans le contexte, mais c’est pour une bonne raison : on ne peut pas objectivement juger des graphismes d’un jeu sans le comparer à ce qui se fait à côté. Et LIS est sorti justement en 2015. La même année que… The Witcher 3, MGS V, Fallout 4, ou encore Rise of the Tomb Raider. Retenez bien ce dernier, c’est très important.

   Graphiquement, le jeu est… passable. Guère plus. On est sur une sorte de « fausse 3d » type dessin-mais-pas-vraiment assez moche. Les animations sont rigides, les expressions faciales loin d’être réalistes.

   Sans véritablement parler de « bouillie », il se laisse suivre sans trop de soucis ; bien qu’on soit à des années-lumière de ce que pouvait proposer The Wolf Among Us (certaines similitudes graphiques, mais dans LIS le parti pris artistique est tout bonnement inexistant). Et c’est un problème. Un gros, même, dans un jeu où l’héroïne et la majorité de l’action se passe dans une école d’art ! On aurait aimé des envolées étranges et irréelles, du photoréalisme mêlé à de l’onirique… bref, de l’artistique. Pas quelque chose d’aussi plat et insipide.

   Mais le gros problème, c’est que plus les épisodes avancent, et plus la flemme se fait ressentir. Sur la fin, j’ai passé plus de temps à regarder fixement le coup et la gorge de Max plutôt que la scène en elle-même. Pourquoi ? Parce que l’animation de la pluie sur sa peau était… juste abominable. On en arrive même, sur la toute fin, à certains passages où les lèvres ne sont mêmes plus animées. Sérieusement ? Genre, vous n’aviez plus de temps, ou tout le budget est passé dans la coke ?

   Bande-son :

   Les OSTs sont… bonnes. Je ne vais pas bouder mon plaisir, on est sur des chansons tristes parfaitement dans le ton du jeu et qui collent à merveille aux scènes proposées. De fait, c’est plutôt très agréable.

   De même, les doubleurs anglais sont véritablement investis dans leur rôle et il est rare de voir une fausse note dans leur jeu. Sur ce point, je dis bravo.

   Scénario :

   Cousu de fils blancs, on en comprend les tenants et aboutissants dès les premières minutes. Jamais de réelle surprise. Les choix proposés n’en sont pas réellement. Aucun n’aura d’incidence critique sur le déroulé de l’histoire ou de son scénario, comme pouvait le faire un « The Wolf Among Us » par exemple. Le jeu ira irrémédiablement dans le sens prévu, qu’importe votre manière de jouer ou vos « choix ». Pis encore, certains passages vous obligent à prendre une direction ; même si ce n’est pas du tout celle à laquelle vous penseriez de prime abord.

   Et pourtant… pourtant j’ai été réellement touché par LIS. Par son histoire, sa narration, ses émotions. Certains passages sont forts, intenses, et très bien mis en scène.

   La mise en scène, justement, est un exemple dans le milieu. Tournée comme un film interactif, elle propose des phases poignantes qui ne m’ont pas laissé de marbre. Peut-être pas jusqu’aux larmes ; mais si les autres problèmes n’avaient pas été présents, oui, je pense que j’aurais pu en verser quelques-unes.

   Gameplay :

   Life is Strange est un point & click moderne dans la lignée des jeux Teltates. Le seul gros ajout est la possibilité de revenir dans le temps, pour changer certains événements et ainsi réparer ses propres erreurs de jeu.

   C’est bon. Vraiment. Plaisant et agréable, posant des limites simples (Max ne peut revenir que de quelques instants) et obligeant donc le joueur à tout de même faire des choix.

   Totalement renforcé par le scénario et la personnalité de l’héroïne, le gameplay se fond parfaitement dans la masse et sert le propos. Et c’est ce qu’on lui demande.

   On aurait sans doute aimé que quelques scènes soient coupées (comme celle des bouteilles), qui ne sont là que pour pousser artificiellement la durée de vie.

   Conclusion :

   Life is Strange est un jeu que j’ai adoré, et qui m’a retourné… sur le moment. Car une fois terminé, et pour peu qu’on y pense trente secondes, plus rien ne tient debout.

   Comme le disait le poète « les scénarios qui touchent au temps, c’est le bordel ». Et Life is Strange ne fait pas exception. Plein de questions demeurent sans réponses, pas mal de points de scénario sont capillotractés, voire totalement ridicules…

   SPOIL : Je suis obligé de vous livrer ça, même si j’ai horreur de spoiler dans une critique : à la fin, on découvre que la tempête est en réalité l’œuvre de Max, qui a provoqué des dérèglements en changeant le cours du temps le jour où elle a sauvé Chloé. Donc elle finit par revenir dans le temps, et laisser sa meilleure amie mourir pour sauver le monde… Et en même temps aller dénoncer Jefferson pour qu’il aille en prison, sauvant ainsi la vie de Kate et de Victoria. Ok… mais dans ce cas, elle a aussi changé le cours des choses. Donc Acardia Bay aurait dû être détruite !

   De même, on peut se poser des questions sur tout le déroulé. Il est certain que Max, à la fin, aurait eu une solution facile pour sauver Chloé sans trop péter le temps… mais non. Ce n’était pas assez poignant.

   /SPOIL.

   Bref, revenons-en à nos moutons ! Life Is Strange est un jeu qui doit se faire avec les tripes, le cœur, les émotions. Quand on se laisse transporter par son histoire et sa narration, il est excellent. Il faut juste… éviter de trop réfléchir.

   TIME LOOP : au début de cette fiche, je vous disais de bien retenir qu’il était sorti la même année qu’un certain Rise of the Tomb Raider. Pourquoi ? Eh bien car si les deux jeux n’ont pas le même studio de développement, ils ont tous les deux étés édités par… Squarenix. C’est important ? Oui. Car cette simple donnée rejette toutes les excuses du type « c’est un petit studio », ou « ils manquent de moyens ». Square a le pognon. LIS a explosé les records dès l’épisode 1. Square avait donc de quoi sortir le chéquier pour permettre à l’équipe d’améliorer leur jeu ; mais a choisi de ne pas le faire. Pas d’excuses, donc.

   Un titre que je vous conseille, vivement même. Et sans doute un jour y reviendrai-je. Dans 5, 10 ans peut-être, avec plaisir.

8/10

       J’aime bien les aventures narratives, les point and click et plus encore les enquêtes. Life is Strange mélange tout cela avec la possibilité de remonter le temps. Alors, oui cool, on interagit avec des personnages, on retourne en arrière pour que de nouveaux dialogues apparaissent. Je prends des photos optionnelles, j’essaie de faire les meilleurs choix possibles au niveau du scénario… Sauf que ce dernier s’écroule. Tous mes choix n’ont plus le moindre sens…

      Je m’explique. Une fois que Max découvre qui est l’assassin, elle revient dans le temps plusieurs fois et paf, ça n’a plus aucune incidence… Alors quel est l’intérêt de mes choix ? C’est une illusion complète, il n’y a pas de réelle liberté puisqu’on arrive forcément à ce point-là. Bon je parle de la fin que j’ai choisie, à savoir, sacrifier un personnage. L’autre choix est de sacrifier Arcadia Bay, mais non, j’ai respecté le choix du protagoniste en question qui supplie Max de le laisser mourir.

      Autant le graphisme ne m’a pas déplu, autant les expressions faciales manquent à l’appel… Bon sang, il y a des séquences très fortes en émotions, le doublage est au top, mais la synthèse est mal réussie. Et je vais souligner la fin, quand Max parle à Warren, ses lèvres ne bougent pas…

      Je reviens sur mes interactions. Puisque j’ai prévenu une clocharde de la fin du monde (qui ressemble étrangement à Max, j’étais convaincue que c’était elle dans le futur et je ne suis pas la seule à le penser), pourquoi ça n’a débloqué aucun embranchement ? Encore une fois, c’est dirigiste au possible. Il n’y aucune récompense en prenant des photos, même les plus rares.

      Kate perd toute sa saveur puisqu’en remontant le temps, elle ne meurt pas. Personne ne meurt. Sauf le cœur de Max. Elle s’en prend plein la gueule, jusqu’au bout. J’étais vraiment triste quand…

      SPOIL

      …Chloé lui demande de mettre la morphine au max pour abréger sa vie de paraplégique. Une réalité alternative si William avait survécu. Une scène terriblement émouvante, déchirante. Max fait le choix de revenir en arrière et de laisser le père de Chloé mourir pour lui éviter son accident.

      Puisqu’on est dans la zone spoil, je vais me lâcher sur un point qui me turlupine ! Samuel Taylor, le jardinier. Le Wiki part plutôt sur l’idée que son comportement schizophrénique est inoffensif, qu’il aime vraiment la mode, les magazines en témoignent. Toutefois… pourquoi détient-il un châle féminin dans son cagibi ? Je l’imagine mal se travestir ici. Il rangerait plutôt ces vêtements chez lui et non dans une école. Pire, pourquoi prend-il Kate en photo juste avant son suicide ? Ses propos sibyllins révèlent qu’il sait où elle est enterrée. Alors pourquoi ne pas avertir les flics ? Même anonymement.

      C’est un médium qui explique à Max que la biche est son animal totem. Il sait qu’elle est intimement liée au sort d’Arcadia Bay. Ce personnage rend hommage à l’écrivain Samuel Taylor Coleridge, amoureux de la nature.

      FIN DU SPOIL

      On finit par comprendre que c’est le fait que Chloé ait survécu qui a engendré tout ce merdier. Mais c’est mal amené, pas explicité. Puisque Max discute avec une autre elle-même, pourquoi n’en croise-t-elle jamais d’autres tout le long du jeu ? Pourquoi a-t-il fallu attendre son arrivée pour que tous ces événements se déclenchent ? Car le père de Chloé meurt 5 ans auparavant. En modifiant le cours des choses, quand Chloé finit en chaise roulante, la nature est toujours détraquée, conséquence des manipulations de Max, soit. Si on suit ce raisonnement, il est impossible que les choses rentrent dans l’ordre puisque remonter le temps une ultime fois n’effacera pas les bonds dans le temps accumulés.

      Bon, je vais tuer le game mais… du coup, puisque Chloé n’a pas mis les pieds à Arcadia Bay depuis 2 ans, pourquoi se déplace-t-elle dans l’établissement dont elle a été virée pour papoter de drogue avec un connard qui veut la buter ? Pour le scénario, Misha. Pour le scénario.

      Voilà, il y a ces incohérences notables… Mais, si on oublie la logique, on passe vraiment un excellent moment. Je ne me suis pas pris la tête avec ça, car je sentais que je n’aurais pas apprécié le jeu. Donc j’ai laissé de côté mon raisonnement pour me focaliser sur l’émotif. Les dialogues sont bien pensés, c’est une aventure sympa, même si c’est dirigiste, déguisé sous des allures de semi-liberté inexistante.

      Les OST sont géniales. Tout bonnement.

      Je vais ajouter un petit mot qui n’influence aucunement cet opus : Before the Storm ne me plaît pas. Je n’aime pas cette Chloé-là. Trop insolente, ingrate. Ok, on comprend pourquoi, ça n’empêche pas. Même si Max est vraiment nulle d’avoir laissé sa meilleure amie en plan après le décès de son père, je l’ai nettement préférée. Sa timidité, son sens de l’observation, son instruction… C’est une geek, une lectrice, passionnée par son art.

      Vraiment dommage que mes choix n’aient eu aucune incidence au final. Toutefois, je me suis vraiment amusée (sauf pour ces fucking bouteilles de bière à la décharge). Parfois, j’ai passé beaucoup de temps, comme je n’ai pas le sens de l’orientation et que ma motion sickness fait chier. Genre allumer la lumière de la piscine… Tout con, mais je ne trouvais pas la pièce à côté. J’ai fait plusieurs fois le tour.

      C’est ça, riez ! Pas ma faute ! U.U

      Je suppose que le floutage sur chaque interaction est un choix artistique, mais je n’y ai pas adhéré. Ils auraient dû mettre une simple surbrillance et pour les photos par exemple, innover avec des dessins, de l’encre ou que sais-je ! Car de fait, la photographie, qui occupe une place prépondérante, perd de son essence, c’est dommage.   

      Pour conclure, Life is Strange est vivant. On vit intensément chaque instant. Une pépite dans son genre que j’ai préféré à Beyond : Two Souls. Oui carrément. Faites-le et voyons si vous trouverez l’assassin de Rachel ! Perso j’avais des soupçons, mais rien de concret. Bon jeu !

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