Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie – Virginie Grimaldi

Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie
Auteure : Virginie Grimaldi
Date de publication : 03 Mai 2017
Date de lecture : Octobre 2019
Genre/Thème : Chick-Lit, Développement personnel, Deuil, Divorce
Nombre de pages : 464

« Je veux qu’on divorce. »
Il aura suffi de cinq mots pour que l’univers de Pauline bascule. Installée avec son fils de quatre ans chez ses parents, elle laisse les jours s’écouler en attendant que la douleur s’estompe. Jusqu’au moment où elle décide de reprendre sa vie en main. Si les sentiments de Ben se sont évanouis, il suffit de les ranimer. Chaque jour, elle va donc lui écrire un souvenir de leur histoire. Mais cette plongée dans le passé peut faire resurgir les secrets les plus enfouis.

Pas lu.


Classé en développement personnel, ce roman a un parfum doux-amer exquis. Extrêmement bien écrit, il met en scène Pauline, une trentenaire estomaquée par la décision de son mari : divorcer. Elle refuse, essaie de le récupérer. Il est son âme sœur, elle ne peut vivre sans lui.
J’ai beaucoup réfléchi avec ce roman, car il dépeint le divorce comme un deuil. Même si la personne est toujours en vie, ce sont les mêmes mécaniques, je trouve cette approche très intéressante et c’est tellement vrai en fait. Quand une personne qui partage notre vie (pour elle, 15 ans de vie commune) si longtemps s’en va, c’est comme un deuil.
Il est très drôle (lire les extraits en bas) mais aussi très réaliste, amer de fait. Pauline décide d’envoyer à Ben des anecdotes de leur vie commune pour lui rappeler tous les bons moments ensemble. Après quoi c’est lui qui lui adresse 13 notes qui expliquent les raisons de leur divorce, ce qu’elle occulte. En cela, il est poignant, mais je n’ai pas pleuré, contrairement à la pépite de Loli Artésia « Elle s’appelait Micha ».
L’orthographe est absolument impeccable. Que 2 minuscules coquilles sur la totalité du roman, l’oubli d’un point et d’un « le » dans une phrase. C’est exceptionnel, vous pouvez me croire. Tous les livres comportent des fautes. Donc il faut saluer cette maîtrise de la langue, aucune faute de temps, de conjugaison, tout est parfait. L’écriture est intime, fluide, accrocheuse. On s’enfile les chapitres les uns après les autres en se disant « Allez juste un, après j’arrête. » Sauf que c’est tellement bien qu’on continue, qu’on espère aussi une fin heureuse… Je ne vous dirai pas comment cela finit. Ai-je été déçue ? Non, car l’auteure a réussi le pari de délivrer un message très fort, poignant. Une fin différente aurait certes contenté beaucoup d’entre nous, mais le message aurait été démoli. Ce qu’il faut retenir c’est : « Ce n’est parce que ça ne finit pas comme on le veut que ça finit mal. » Oui, je vous laisse méditer là-dessus.
Pour en revenir à l’histoire, après des vacances anticipées pour avoir mis à la porte un client nommé René Latoppe, oui pour de vrai ; Pauline passe deux semaines dans la maison qu’elle convoitait enfant. Vivre avec sa famille la libère un peu, même si les tensions sont palpables. Tous finissent par se dévoiler un peu plus. Son frère gay qui a peur de présenter son fiancé à ses parents, sa sœur Emma qui ne voit jamais son époux, les quiproquos…
Les scènes du quotidien rendent cette histoire extrêmement vivante. Les dialogues sont bien pensés, bien amenés. Tout est là, une plume vraiment exquise, un beau message, des scènes de tous les jours qui les rendent attachants. C’est une pure réussite, un délice à consommer sans modération, que vous aimiez ou non la chick lit.
Extraits
« La solidité a commencé à s’effriter par petites touches. Une envie de rester au lit par-ci, un agacement inopiné par-là, des larmes sans raison, des attaques de panique… Peu à peu, mon corps s’est rempli de vide. La joie a déserté, l’envie s’est fait la malle, l’espoir a fui. Je vis parce qu’il le faut, j’existe par automatisme. Je suis éteinte à l’intérieur d’une enveloppe qui fait semblant. »
« J’ai le chagrin égoïste. Je ne partage mon humeur que quand elle est bonne. Je n’aime pas gêner, et le malheur, ça gêne. »
« Mètre 2100 : Mon frère me double en faisant le moonwalk.
Mètre 2200 : Mes jambes sont en train de se tétaniser. Ça va être pratique pour monter l’escalier.
Mètre 2400 : Je vais crever avant d’avoir goûté la délicieuse feta.
Mètre 2500 : Un jeune blond me double en marchant.
Mètre 2600 : Je n’arrive plus à respirer, je râle. On dirait un porno doublé par Dark Vador. »
« Je suis sortie de la chambre et suis revenue quelques secondes plus tard avec un thermomètre. Ton air a changé. De mourant, il est passé à sceptique.
– Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ?
– Que tu te l’accroches autour du cou, quelle question.
– Ah, j’ai eu peur que tu veuilles que je me le mette là où tu sais.
– …
– Quoi ? (Regard effrayé.)
– Oui, tu vas te le mettre là où tu sais.
– Sous la langue tu veux dire ?
– Si tu veux. Mais sache qu’il y a quelques jours il était dans le là où tu sais de ton fils. »
« La douleur, c’est comme un boomerang. Si on essaie de l’envoyer loin de soi, elle nous revient en pleine tête.
On peut faire comme si elle n’existait pas, essayer de la faire taire, mais elle reste là, tapie, à attendre la moindre faille pour se diffuser dans nos veines. »