Le Nuisible – Serge Brussolo

Le Nuisible
Auteur : Serge Brussolo
Date de publication : 19 Novembre 1997
Date de lecture : Août 2020
Genre/Thème : Thriller psychologique, Manipulation, Suspense
Nombre de pages : 187

Un envoi anonyme vous raconte par le menu quelques faits de votre vie, de ceux que vous avez préféré cacher à votre femme, à vos amis et relations…
Vous attendez logiquement que ce maître-chanteur très bien renseigné fasse connaître ses exigences. Erreur. Votre correspondant vous veut du bien. Il vous révèle les trahisons dont vous êtes victime. Il vous suggère d’écrire la suite, d’imaginer la punition, de donner des ordres aux puissances de l’ombre… Il suffit de vouloir.
Georges, éditeur de » thrillers » à succès, ne résiste pas à la tentation grisante d’utiliser ce serviteur sans visage. Et nous entrons sur ses pas dans un labyrinthe où le chasseur et la proie, la victime et le bourreau, s’échangent indéfiniment les rôles dans un cauchemardesque jeu de miroirs.
Une fois encore l’auteur de La Main froide et du Sourire noir nous confond par sa stupéfiante imagination, sa prodigieuse maîtrise du suspense et de l’angoisse.

Pas lu.


J’en parlais dans une autre chronique, cet auteur représente beaucoup pour moi. Ses livres m’ont accompagnée à différents moments de ma vie. Ce qui est amusant, c’est que nous sommes venus à discuter juste après que j’ai rédigé ma chronique sur « L’Enfer c’est à quel étage ? » Ça m’a procuré beaucoup de bonheur, même si ce fut bref.
Je dois toujours me pencher sur ses œuvres récentes par ailleurs. Cendres Vives sera certainement ma prochaine lecture Brussoloesque. Mais chaque chose en son temps, je lis ce qu’il y a dans ma PAL, certains livres patientant depuis… des décennies…
Le Nuisible a été publié en 1997. C’est un thriller psychologique qui nous conduit dans la névrose de Georges, un éditeur a succès qui cache des plaies pas très propres. Des cadavres dans le placard comme on dit. Il a épousé une femme qui exerçait sur lui une fascination intense, et ce, malgré son physique quelconque. Sauf que cette dernière faisait des crises d’angoisse et que sa démence a fini par le contaminer. Elle s’est suicidée et il noie sa culpabilité, ses remords et toute sa vilénie, dans l’alcool.
J’ai détesté ce personnage pour ses réactions. Quand sa deuxième femme se fait « violer » il espère la voir brisée, anéantie, soumise. Puis il souhaite briser les jambes de son meilleur ami, par vengeance.
Ce que j’aime avec Brussolo, c’est qu’il met en scène des personnages entiers, sans faux-semblants. On vit leurs émotions, leurs pensées. Et ce, avec une netteté appréciable car il est honnête dans sa plume. Forcément, il m’a beaucoup influencée dans ce sens.
Georges donc, reçoit le premier chapitre de sa propre histoire avec Jeanne. Il vomit, acculé, en se demandant qui a pu lui envoyer tous ces détails qu’il a gardé secrets… Et toute l’histoire s’axe sur sa névrose.
La finalité figurait dans ma deuxième hypothèse. J’ai adoré. Un excellent livre qui met en exergue la psychose dans tous ses états.
Extraits
« Il n’y voyait qu’une explication : quelqu’un l’avait espionné, caché dans le parc, jumelles au poing. Prenant des notes dans le but de le faire chanter…
Mais non ! C’était RIDICULE. Il eût été beaucoup plus facile de le faire chanter à l’époque en le menaçant d’avertir la presse. Aujourd’hui les livres de Jeanne n’étaient même plus en vente, et le public l’avait totalement oubliée. Un écho dans le meilleur des journaux à scandales ne porterait ne porterait aucun préjudice à la maison d’édition.
Non, on n’en voulait ni à sa notoriété ni à son argent, il était visé dans son intimité, dans son équilibre psychologique. »
« Avait-il parlé à quelqu’un en état somnambulique ? Mais non ! Il ne rêvait plus de Jeanne depuis son remariage… Une voisine indiscrète alors ? Un maître-chanteur ? Un auteur éconduit ? Un fou particulièrement bien renseigné ? Un de ces malades qui passent leur temps à espionner les gens à la jumelle ?! »
« Un suicide est-il un acte de courage ou une preuve de démission ? Éternelle question. Mais vivre avec le poids des remords, affronter cette torture permanente, n’est-il pas une preuve de courage… ou de suprême lâcheté ? »