Je voulais juste vivre – Yeonmi Park

Je voulais juste vivre
Auteure : Je voulais juste vivre
Date de publication : 25 Février 2016
Date de lecture : Avril 2020
Genre/Thème : Autobiographie, Drame, Trafic d’êtres humains, Corée du Nord, Dictature, Voyage
Nombre de pages : 301

2007. Après des années de privations et de harcèlement, par une nuit glaciale, Yeonmi, 13 ans, et sa mère réussissent à traverser le fleuve Yalu qui marque la frontière entre la Corée du Nord et la Chine. Elles laissent derrière elles leur pays natal et ses horreurs : la faim, la délation constante et surtout une répression impitoyable. Mais leur joie n’est que de courte durée. Rien ne les a préparées à ce qui les attend entre les mains des passeurs. Après plusieurs années d’épreuves inhumaines et un périple à travers la Chine et la Mongolie, Yeonmi atteint finalement la Corée du Sud.
À 23 ans, Yeonmi est désormais une combattante : c’est l’une des plus influentes dissidentes nord-coréennes et une activiste reconnue des droits de l’homme.

Pas lu.


Rédiger cette chronique s’annonce ardu… Tout mon vocabulaire me semble soudain dérisoire… Nous avons là une autobiographie tellement poignante qu’elle noue le ventre et la gorge. L’histoire d’une rescapée de Corée du Nord.
D’habitude, je ne suis pas trop biographie. Mais j’avoue que le regard de Yeonmi-Ya sur la couverture m’a happée. J’y ai lu une grande souffrance contenue. J’admets que je ne connaissais rien sur ce terrible pays en définitive. Alors j’ai sauté le pas pour accueillir son histoire.
Yeonmi-Ya nous narre la famine en Corée du Nord qui est allée croissante dès 1990, quand l’économie s’est effondrée. Jusque-là, les soviétiques pourvoyaient à leurs besoins. Elle décrit les exécutions publiques, par exemple un jeune homme tuberculeux mort de faim qui avait volé une vache pour se nourrir. Exécuté devant tout le monde, pour l’exemple. Elle parle de son absence de compassion, car elle ignorait totalement ce que c’était, mais que voir un homme aux entrailles dévorées par les chiens les avaient choquées, elle et sa sœur.
C’est elle qui a fui la 1ère vers la Chine. Yeonmi-Ya a cherché Eunmi 7 longues années avant de la retrouver.
Ici, point question de détails édulcorés. La survivante nous dévoile l’horreur des Nords Coréens qui servaient soit d’esclaves, soit de sex-toys dans du trafic d’êtres humains. Vendue et violée, à l’instar de sa mère ; elle perd son humanité et se promet de tout faire pour survivre.
Son père décède, creusant un peu plus son chagrin. Elle vit de terribles expériences et continue d’avancer, même si la dépression l’embourbe au gré de ce qu’elle traverse.
Yeonmi-Ya écrit avec une telle sincérité, tout est tellement vivant, saisissant… Et le pire c’est que nous, lecteurs, imaginons ce qu’elle décrit ; sauf qu’elle, elle l’a vécu véritablement. Et entre lire un drame et le vivre, il y a tout un monde…
Je me sens terriblement bouleversée par cette lecture… Ma compassion embue mes yeux, je suis triste qu’elle ait enduré tout cela mais aussi que toute la Corée du Nord soit muselée, réduite en esclavage et abêtie pour ne pas se rebeller. C’est tellement triste…
Je crois que tout le monde devrait lire ce livre. Ça vous éclairerait sur les horreurs qui se passent là-bas, les camps, la torture, les exécutions publiques…
Quand je vois que la France affame son peuple, le tabasse, l’écharpe pour le faire taire alors que de plus en plus de gens crèvent de faim, que certains comme moi n’ont aucune aide de l’état (parce que je suis auteure et non salariée) ; que les personnes âgées seront confinées chez elles jusqu’à Décembre 2020 même si elles sont saines, que les prix grimpent (mon plein de courses qui tient 2 semaines coûte 110€ et s’élève à présent à 240€), que les gens s’entretuent dans la plus parfaite indifférence ; j’ai peur. Je touche du doigt le mot pour définir notre pays : dictature. Pas comme en Corée du Nord, mais Macron en prend le chemin. Alors je prie pour qu’on retrouve notre liberté et qu’on vive enfin au lieu survivre.
Extraits
« La berge était sombre mais les lumières de Changbai, en Chine, brillaient juste au-dessus de nous. Je me suis retournée pour jeter un rapide coup d’œil à l’endroit qui m’avait vue naître. Le réseau électrique était coupé, comme d’habitude, et je ne voyais que l’horizon noir et inerte. »
« Je ne rêvais pas de liberté en quittant la Corée du Nord. Je ne savais même ce qu’être libre signifiait. Ma seule certitude, c’était sur si ma famille ne partait pas, nous allions mourir – de faim, de maladie, emprisonnés dans des conditions inhumaines dans un camp de travail. La faim était devenue insoutenable ; j’étais prête à risquer ma vie contre la promesse d’un bol de riz. »
« À la mort de Kim Il-sung en 1994, la famine s’abattait déjà dans les provinces du Nord. Les rations gouvernementales avaient été réduites drastiquement, et n’arrivaient même pas toujours.
Plutôt que de changer sa politique et d’initier des réformes, la Corée du Nord a choisi d’ignorer la crise. Plutôt que d’ouvrir le pays à l’aide internationale et aux investissements, le régime a demandé à son peuple de ne manger que deux repas par jour afin d’économiser les ressources en nourriture. Dans son message pour la nouvelle année 1995, le nouveau Cher Dirigeant, Jong-il, en a appelé au peuple coréen pour qu’il travaille plus dur. Bien que 1994 nous ait apporté « des larmes de sang », écrivait-il, nous devions accueillir 1995 « avec énergie, résolution, et dans un seul but » – faire prospérer la mère patrie. »
« Il y avait tant de personnes désespérées dans les rues qui réclamaient de l’aide qu’on était obligé de fermer son cœur pour que la douleur ne nous submerge pas. Au bout d’un moment, on ne peut plus se soucier des autres. Et c’est à ça que ressemble l’Enfer. »