Je ne connaissais pas ce mangaka. Ce sont les couvertures en noir et blanc, intrigantes et sombres qui m’ont attirée. Scénario catastrophe, un train qui partait pour un voyage scolaire se retrouve enseveli. Ça m’a rappelé le film Tunnel, qui était très sympa au passage.
Il n’y a que 3 survivants à l’hécatombe : Teru, Nobuo et Ako. Je précise que j’ai lu l’édition double donc 5 volumes qui regroupent les 10. Ce 1er volume (de 450 pages environ tout de même) est assez lent dans sa narration. Les trois protagonistes essaient de survivre et de résister à la folie qui émerge. Lentement, à force de vivre dans le noir complet, la nourriture s’amenuisant, ils développent une psychose, Nobuo le premier, de façon extrême.
La force de ce manga réside dans son réalisme, car toutes les réactions sont sensées. C’est en se confrontant au pire que chacun évolue sur une pente raide, côtoyant la vie et la mort.
Dans le 2ème volume, Teru et Ako parviennent enfin à émerger dans le monde d’en-haut, pour y découvrir un Japon dévasté. Plus de lumière, une pluie de cendres, et cette chaleur étrange qui règne. Ils découvrent des carcasses de vaches et se font sauver la mise. On leur explique que l’air est devenu toxique.
Dans ce manga de 1995, la peur est analysée de manière très approfondie avec des questions existentielles, de la moralité et de l’animalité. Chaque planche est animée de décombres. Aucune n’est lésée. Débris de verre, immeubles renversés, voitures fracassées, routes fendues… Un superbe rendu, assez triste toutefois. Mais en plus d’amener un scénario intéressant et plausible, on nous invite à s’interroger sur l’état de notre monde. Dragon Head a beau dater de 1995, le message est toujours d’actualité, même plus que jamais je dirais.
Alors, pourquoi Dragon Head ? C’est le nom donné aux gens à qui l’hippocampe a été retiré du cerveau, zone qui véhicule la peur. Mais cette révélation n’apparaît qu’à la fin et j’aurais aimé avoir plus de détails. Car on croise à peine ces individus. Qui leur a fait ça au final ? Ces gens prévoyaient-ils cette catastrophe ? Ces points restent en suspens et mériteraient des réponses pour que tout soit en parfait raccord. Car Dragon Head demeure un excellent manga, à lire.