Asylum

Auteure : Emilie Autumn

Date de publication : 06 Juin 2019

Date de lecture : Août 2019

Genre/Thème : Horreur, Drame, Asile, Époque victorienne

Nombre de pages : 421

   Cent cinquante ans les séparent, mais elles vivent le même cauchemar…

   Violoniste à l’aube d’une belle carrière, Emilie souffre de troubles bipolaires. Après une tentative de suicide, elle est hospitalisée, puis internée dans un service psychiatrique. En dépit de ses protestations, la voici traitée comme une criminelle, gavée de médicaments, privée des libertés les plus élémentaires, coupée du monde. Et de surcroît, en butte au harcèlement du sinistre docteur Sharp. Pour ne pas basculer dans la folie, elle entreprend de consigner le quotidien de sa détention. Et découvre dans son petit carnet noir le message de détresse d’une jeune femme séquestrée dans un asile de fous de l’Angleterre victorienne. Une Emily qui lui ressemble en tous points. Une porte sur un autre monde s’est ouverte, un monde étrange où fleurissent les idylles entre détenues, où les spectres bruissent sous le papier peint, où des rats de haute éducation s’expriment dans une langue des plus châtiées. Réalité, ou divagations ?

Pas de note
0/10

   Pas lu.

8/10

       Mon Dieu quelle claque… J’avais hâte que ça se décante, le terminer au plus vite, car il est extrêmement dur…

      Bon, il faut savoir que c’est partiellement autobiographique. Emilie a réellement séjourné dans un asile suite à une TS. Toute la narration au présent est tirée de son journal, qu’elle tenait secrètement pendant sa claustration. Une période tellement dure que ça lui a inspiré une histoire, qu’elle a intégrée dans son récit, celle d’un l’asile pour jeunes filles rebelles dans une époque victorienne.

      Je préfère son honnêteté dans le présent, mais j’ai suivi les déboires de son double avec beaucoup… de compassion… Ce qu’elle dépeint est vrai : à cette époque, la lobotomie, l’hydrothérapie, les saignées et le viol (pour traiter l’hystérie, faut bien trouver une raison légitime m’voyez…) faisaient partie du traitement en vigueur.

      J’ai vécu intensément dans cet asile aux murs rayés, vivants. Parmi ces femmes innocentes, devenues folles suite aux mauvais traitements de ce lieu. Bien sûr, ils mettaient en scène leur propre personnel avec de faux décors pour persuader les visiteurs que leur institut était correct. Cette ambiance m’a beaucoup fait penser à Miss Ives dans Penny Dreadful…

      L’aspect histoire vraie touche beaucoup. Pour ma part, je me suis retrouvée dedans, de par mes propres souffrances. Je crois que trop de gens confondent bipolarité et cyclothymie. La première dépeint une double personnalité (qu’on confond avec les troubles de la réalité affiliés à la schizophrénie) et la seconde, des troubles de l’humeur (c’est mon cas, diagnostic et explications fournis par une psychothérapeute en 2008 avec dépression). Donc, quand Emilie décrit sa bipolarité, j’y décèle plutôt une cyclothymie. J’avoue que ça peut être chiant. On passe du rire aux larmes d’un coup, sans raison, et on peut exploser sur n’importe qui, n’importe quoi, sans raison non plus. La dépression, c’est plus vicieux. À l’inverse d’Emilie, j’évite d’en parler. Donc, son regard et ses propos sont différents.

      C’est un roman vraiment dur, j’insiste. Si vous n’êtes pas prêts mentalement, ne vous lancez pas. Elle est crue, terriblement franche, toute en émotions intenses et sans retour arrière possible.

      Pour en revenir à la seconde histoire : Emily avec un y (pour les différencier) est vendue par ses parents qui ont trop de bouches à nourrir. Elle atterrit dans ce qu’elle croit être un établissement qui va la former pour monter sur les planches avec son violon. Sauf… qu’elle est une nouvelle fois vendue à un gentilhomme, adepte de la torture. Elle parvient à s’enfuir mais son époux malveillant lui donne la chasse avec d’autres hauts dignitaires. Elle saute d’un pont pour lui échapper, manque de se noyer, et c’est comme ça qu’elle finit dans l’asile. Un asile sale et malsain dans lequel des expériences pas très nettes sont pratiquées…

      Ses amies se font torturer, au même titre qu’elle. Elle vit des choses vraiment glauques et trouve un peu de réconfort dans la présence des rats et de ses amies. Il faut savoir qu’Emilie a deux rats : Edward et Basile, qu’elle a inclus dans l’histoire. Plusieurs photos de ses petits compagnons velus agrémentent le texte.

      Au final, elle se fait détruire pendant 10 ans. Quant à la conclusion, je vous laisse la découvrir.

      Pourquoi un 8 et pas un 10 ? Il aurait pu, dû le mériter. Mais il y a tellement de fautes, que c’est uniquement parce que le texte est excellent que j’ai surmonté mon dégoût. Je ne pardonne pas les fautes à répétition dans les romans, encore moins quand il y en a des quantités par pages. « Nous parvinrent, j’essayez, naîf etc… » Pour toutes les phrases à la 1ère personne du pluriel, le premier verbe est bien conjugué et le second à la 3ème personne du pluriel… Des fautes dans tout, des mots manquants, des accords etc… Un vrai gâchis sur ce point… Si encore il n’y en avait que quelques-unes, c’est habituel, tous les éditeurs publient leurs livres avec des coquilles, même les plus grands. (Dans le cas de Milady, il y en a tellement que j’ai décroché).

      Mais là… une sacrée couche… Et c’est dommage car tout est bon ! Je n’ai rien à redire, il est profond, vivant, triste, poignant ! Un régal !

Extraits

   « Le truc marrant avec les hôpitaux psychiatriques, c’est qu’ils vous retirent toutes les raisons de vivre que vous pouvez encore avoir, mais vous refusent les moyens de les retrouver. Je suis encore subjuguée par le fait qu’une tentative de suicide vous envoie légalement dans un asile psychiatrique, un HP, une maison de fous, appelez ça comme vous voulez, c’est pareil. Je ne pense pas qu’une tentative de suicide puisse dévoiler quoi que ce soit sur l’état mental de quelqu’un. Je pense que cette personne a pesé le pour et le contre entre la vie et la mort et que la balance  a penché d’un côté.

   Je ne vois rien de fou là-dedans. Socialement inacceptable certainement, mais pas fou. »

 

   « La presse n’est pas tendre avec nous. En optant pour la seule option qui nous restait, nous sommes considérées comme faibles et malfaisantes. Nous avons commis une offense envers Dieu, et sommes donc condamnées à brûler pour nos péchés. Anne n’avait pas reçu de sépulture décente car elle avait péché devant Dieu ; impropre, elle était destinée à rejoindre les enfers. Elle avait défié la croyance religieuse selon laquelle la vie est sacrée. Mais la vie de qui ? Qui la protégeait ? Qui nous protège ?

   Tu ne dois pas croire, cher journal, que je recommande le suicide dans n’importe quelle circonstance. Ce n’est pas vrai. Je questionne seulement le bon sens de ceux qui le criminalisent et considèrent comme folles ces pauvres filles opprimées, persécutées et abusées, qui ont préféré choisir leur propre mort plutôt que de vivre pour quelqu’un d’autre. J’étais l’une de ces filles. »

 

   « – Toi, dit-il, tu es quelqu’un de terriblement vrai dans un monde terriblement faux, et je pense que c’est pourquoi tu souffres autant. »

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