Anthem

Date de sortie : 22.02.2019

Date du test : Février 2019

Langue : Français

Plate-forme : Ps4

Genre : Jeu service

   Dans le monde de Bastion, les Démiurges, d’anciens Dieux, sont partis en laissant l’Hymne, un outil puissant permettant de créer et annihiler la vie.

   Les Hommes, retranchés dans d’immenses cités, sont contraints de créer et d’utiliser des Javelins, exosquelettes volants, pour espérer se libérer du joug des créatures qui les ont naguère réduits en esclavage.

   Aujourd’hui, un nouveau Freelancer se lève, devant se confronter au péril du Cataclysme provoqué par les reliques des Démiurges, tout en protégeant son peuple et son monde d’envahisseurs cherchant à utiliser la puissance des Reliques…

5/10

   Introduction :

   J’attendais Anthem comme le messie vidéo-ludique. Le jeu qui parviendrait à remplacer la saga Destiny au titre tant convoité de meilleur jeu de l’année.

   Je le suis littéralement depuis sa première apparition, à l’EA 2016. Quand il a enfin été annoncé, je l’ai précommandé. Oui oui, précommandé. Moi. En édition « Légion de l’Aube ». Chose que je ne fais normalement jamais…

   J’ai donc reçu le jeu et testé DayOne. Rapidement, j’ai commencé à écrire quelques lignes pour lui témoigner toute ma passion… puis j’ai continué… et j’ai ajouté des choses ; jusqu’à ce qu’au final le texte ne ressemble plus en rien à ce que j’avais rédigé à la base.

   Voilà donc un test complet que je poste à près de 3 semaines de sa sortie et quelques 100h de jeu environ. Autrement dit, je l’ai retourné dans tous les sens et ai pu en exploiter et apprécier parfaitement toutes les qualités, comme les défauts…

   Graphismes :

   Anthem est un beau jeu. Du genre qu’on a un peu de mal à comprendre comment il tourne sur une PS4 FAT sans faire exploser la console (par contre, il fait exploser les Slims, mais ça c’est une autre histoire).

La carte du monde est relativement grande, et le level design parfaitement intégré à son architecture pour proposer une réelle expérience de jeu plaisante. C’est beau, c’est grand, c’est fort.

   Et dans le même temps, c’est vide et plat. Force est de constater que les downgrades effectués depuis les présentations de l’E3 sont nombreux, et franchement affligeants.

Le monde est beaucoup trop « mort », sans effets de lumière qui vous scotchent au canapé, avec trop peu de « vie sauvage » comme on pouvait, par exemple, en retrouver dans Horizon Zero Dawn ou même Dragon Age Inquisition.

   Les environnements sont trop peu variés, sans biomes spécifiques (on aurait grandement apprécié par exemple une terre enneigée et des blizzards limitant la visibilité en vol ; des déserts arides ou faire baisser la température de son Jav aurait été ardue, etc…).

   Mais non. Ici on a le droit à une jungle sauvage, un marais… et c’est tout. Seules les ruines apportent un petit « vent de fraîcheur », même s’il n’y a strictement rien à y faire.

   Autrement dit, on sent que BioWare a pensé son jeu pour PC, avec une grosse configuration de Master Race… mais qu’ils ont été contraints et forcés de retirer pas mal d’améliorations afin de le faire tourner sur les consoles de salon ; y compris les versions Pro/One X.

   C’est dommage, d’autant plus que la promesse était pourtant bien là, et les visuels présentés à l’E3 indiquaient clairement « Game Footage »…

   Bande son :

   BioWare n’a pas hésité à faire appel aux talents de l’excellente Sarah Schachner pour l’OST de son nouveau bébé. Elle n’en est pas à son coup d’essai, pour nous avoir notamment pondu les Ost de l’excellentissime Assassin’s Creed 4 : Black Flag.

   Mais voilà, elle n’a pas l’air très à l’aise avec la SF. Et si ses compos sont loin d’être mauvaises, bien peu tirent réellement leur épingle du jeu (sinon le thème principal et « Legion Of Dawn »).

   Je peine surtout à comprendre ce choix, alors qu’ils avaient un Jack Wall et ses nombreuses nominations pour son travail sur Mass Effect 3, un Trevor Morris qui a su amener une ambiance unique dans D.A. Inquisition… et surtout, surtout, un Inon Zur.

   Et je suis désolé, quand on a un compositeur aussi légendaire que lui sous la main, c’est quand même un sacré gâchis de ne pas en profiter pour aller débaucher chez Ubisoft !

   Les doublages français sont excellents. Pas mal de grands noms sont là, présents et enjoués. C’est un plaisir de les entendre… Même si certains textes ont clairement été écrits avec le cul et certaines insertions de voix tellement utilisées à outrance que ça en devient vomitif.

   Pour la faire courte, une fois le scénario passé, j’ai joué avec mon casque sur les épaules, rarement sur les oreilles ; tant entendre encore et toujours les trois mêmes lignes de dialogues en boucle me gavait.

   Scénario :

   Le principe du jeu service est simple : on pose les bases, on fait tout pour que le joueur arrive assez rapidement HL, et ensuite on l’inonde de contenu jusqu’à ce qu’il soit aussi gavé qu’une oie à la veille de Noël. Destiny 1 et 2 avaient parfaitement saisi le principe. The Division hésitait mais s’en tirait pas trop mal. Et pour Anthem…

   C’est BioWare. Et BioWare sait faire des jeux de rôle. Pas des jeux-service. De ça au moins, on est certain. Il en résulte un monde de Bastion totalement fou niveau lore, avec des choses à découvrir dans tous les sens pour qui veut prendre le temps d’explorer. Le background de ce monde est énorme et propice à l’exploration et à déambuler dans les ruines antiques, à découvrir ce qui est arrivé à tel ou tel héros de légende, à vivre tout simplement.

   Mais le scénario en tant que tel devait être simple, accessible. Pour ne pas dire bâclé. Mais ça, BioWare ne sait pas faire. Aussi, on finit par se retrouver avec une sorte d’enfant bâtard et difforme, à mi-chemin entre Destiny et Mass Effect. On sent constamment ce tiraillement entre désir de faire plus et obligation actionnariale de proposer le minimum syndical. C’est dommage, d’autant plus que le monde de Bastion promet tant de belles choses qu’on aimerait toujours en avoir plus.

Je mettrai également un gros bémol sur les personnages. On est loin, très loin de ce qui nous a été proposé dans la trilogie Mass Effect (oui, M.E. est une TRILOGIE. Andromeda donne le cancer du trou du cul)… ou même que dans Destiny.

Car la force du titre de Bungie était bien de nous proposer un trio de « mentor », de « guides », de « chefs » absolument charismatiques, bien écrits et diablement puissants en terme de personnalité et de complexité. Voir la sage et drastique Ikora exploser et bondir sur des avions, fusil à pompe en main, au début de Destiny 2 quand la Légion attaque la Citadelle m’a donné des frissons. Voir Cayde-6 mourir dans Forsaken m’a tellement choqué que j’ai joué, encore et encore, afin de trouver le moindre petit indice qu’il ne le soit pas réellement…

   Mais dans Anthem, le trio proposé est… exaspérant. Yarrow est un ancien Freelancer dépressif à la retraite dont on se fout éperdument, vu que personne ne parle jamais de ses faits d’armes ni de son background.

La sentinelle Brin est juste… une asiatique asociale qui aime les fleurs (bah oui, c’est une fille).

Et Mattias Eryl Sumner (en jouant, vous comprendrez pourquoi je cite son nom complet) est… plat. Sans réelle personnalité.

   Au final, ceux que j’ai préférés ont sans conteste été les secondaires : Faye et son attirance quasi-religieuse pour l’Hymne, Haluk le Freelancer de légende blessé et incapable d’utiliser son Javelin ; et bien entendu le petit Owen et ses pétages de plombs égocentriques.

   Je regrette tellement, mais tellement que ce ne soient pas EUX qui soient présents à nos côtés, qui nous donnent des missions et font avancer le scénario ; mais plutôt des PNJs sans saveurs et robotiques !

   Gameplay :

   Anthem propose un concept simple. C’est un shooter-looter, mais où on vole. Oui, c’est tout. Et c’est diablement addictif ! Car là où BioWare s’est vautré lamentablement en termes d’histoire, de personnages et autres contenus ; ils ont tous misé sur le Gameplay.

   Les quatre Javelins proposés ont tous des systèmes de jeu si différents, que passer de l’un à l’autre revient pratiquement à commencer un nouveau jeu, à se sentir inutile et incapable de contrôler sa machine.

   Les builds disponibles ne sont –pour l’instant- guère nombreux mais demandent des heures et des heures pour être optimisés. Le système de combos est un régal, de même que tout ce qui fait le sel du jeu : les combats.

   Ici, vous n’allez pas vous ennuyer. Se jeter dans la bataille à corps perdu est un régal ; et souvent synonyme de fin brutale et stupide. Il va falloir réfléchir, être stratégique, apprendre à maîtriser sa machine et ses équipements ; pour finalement maîtriser totalement le soft… Et là encore, de nouveaux défis nous attendent avec les difficultés Grand Maître 2 et 3, qui nous mettent malgré tout à rude épreuve.

   On peut cependant regretter le peu de contenu disponible à la sortie du jeu, qui fait que rapidement on tourne en rond à refaire interminablement les mêmes missions, sans réelles saveurs, dans l’espoir de pouvoir looter un item légendaire dont le taux de drop est –pour l’instant – ridiculement bas (plus encore que celui des Exotiques dans Destiny, c’est dire).

   Il en devient difficile de défendre le jeu une fois la centaine d’heures passées, car même les événements saisonniers sont assez plats pour l’instant. La « Terre des Titans », le premier disponible, a juste été un prétexte pour profiter du mode libre à la recherche de quatre Titans se baladant sur la mappemonde… et de les poutrer en deux minutes.

   On regrettera aussi un monde très vide et creux ; sans réelle interaction. J’aurais, par exemple, aimé voir les fameux Arpenteurs (des machines énormes non sans rappeler les TB-TT de Star Wars) se déplacer. Ou encore les fameux Titans se balader RÉELLEMENT sur la Mappemonde, et non juste poper de manière aléatoire sur des spots définis…

   Pas de PvP, pas de courses de javelins, pas de réel Raid. Anthem ne propose à sa sortie que 3 forteresses à la difficulté relative, un mode « libre » dans lequel vous allez refaire les mêmes événements en boucle, et un mode « mission » pour lancer les trois défis légendaires quotidiens…

   Autrement dit, c’est bien vide. Malheureusement trop. Et même s’il s’agit d’un jeu-service qui aura du contenu sur la durée, on peine vraiment à comprendre ce qui a poussé BioWare et E.A. a sortir le jeu en l’état, avec un contenu qu’on peut terminer en moins d’une trentaine d’heure montre en main.

   Conclusion :

   Après 100h de jeu, je peux le dire : Anthem est un excellent jeu proposant des bases incroyables. Tout comme Destiny à sa sortie en 2014, il manque cependant cruellement de défis et de contenu ; mais souffre en plus d’un nombre incroyable de bugs en tout genre qui pourrissent l’expérience de jeu déjà guère fameuse.

   Au final, et si j’y reviens chaque jour depuis sa sortie, je ne peux m’empêcher d’avoir le sentiment d’être en présence d’un jeu non-fini, qui manque clairement tant de contenu que de maîtrise. On a le sentiment que BioWare a tenté de faire comme ils savaient : pondre un univers énorme, riche et complet… pour mieux le découper ensuite et en proposer un jeu-service. Ce qui ne fonctionne pas du tout, c’est un fait.

   Car Destiny avait justement intelligence de proposer du contenu certes court, mais terminé à chaque fois. Les histoires avaient une vraie fin, les indices sur la suite étaient dissimulés (et non livrés comme un cliffhanger putassier), et surtout proposait un petit mode PVP fort agréable pour patienter…

   Je sais qu’Anthem pourrait bien être le jeu de l’année, tant celle-ci est encore longue et les MAJ, DLC et Patch nombreux à venir. Mais combien de temps faudra-t-il pour cela ? En l’état, au jour de sa sortie et à son prix, je ne peux m’empêcher de lui mettre tout juste la moyenne. Une note « normale » pour un jeu « normal ».

   Sans doute reviendrais-je vous proposer un nouveau test en fin d’année, à moins que je ne sois passé à autre chose. Car en face, la concurrence est rude…

0/10

   Pas fait.

Fermer le menu